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Lavazza : L'art du café, l'art d'exploiter
Adressé à Lavazza
Depuis 3 ans, le marché du café traverse une crise historique des prix : - La majorité des caféiculteur.rice.s vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de deux dollars par jour, tout en continuant de travailler et de vendre son café. Entre le mois d’août et septembre 2020, les prix ont connu une variation de 40% ! Pourtant : - Les ventes de café se multiplient dans le monde, ce qui nécessite un accroissement des volumes de production. - Les prix affichés en magasin n’ont jamais été aussi élevés, notamment depuis l’apparition des dosettes et capsules. Le consommateur paie le prix fort. - Les grands groupes industriels et les distributeurs captent l’essentiel de la richesse créée au détriment des caféiculteur.rice.s En France, ils ont plus que doublé leurs gains (passant de 1,2 milliards à 2,6 milliards) en 20 ans pendant que les revenus des millions de caféiculteurs dans le monde et leur famille stagnent, voire régressent. Certains d’entre eux gagnent moins aujourd’hui qu’il y a 20 ans ! Les responsables : - La structuration du marché, accroissant la concentration du pouvoir dans les filières agricoles, qui permet aux multinationales de dicter les règles et les prix : trois grands groupes qui se partagent 80% du marché en France, dont Lavazza. Le groupe, avec sa marque Carte Noire, détient 16,7% du marché français et voit son chiffre d’affaires augmenter d’année en année. Entre 2017 et 2018, le chiffre d’affaires de Lavazza France a augmenté de 50 % ! - Mais le géant Lavazza, propriétaire de Carte Noire, marque de café à domicile et cafés-restaurants, ne semble pas prêt à participer à une plus grande justice économique et sociale. Le groupe italien multiplie les grandes déclarations, dépense beaucoup en image pour montrer que son café est "green" et socialement buvable. A aucun moment, Lavazza ne parle de justice économique. Pas une déclaration sur combien sont réellement payés les producteurs ! Au contraire, Lavazza continue à s’engager avec des labels comme Rainforest/Utz qui ne comportent aucun engagement à lutter contre les inégalités économiques et à payer décemment et équitablement les caféiculteur.rice.s. NOS REVENDICATIONS : 1. Poser les bases d’une transformation de votre relation avec vos producteur.rice.s de café, en leur versant dès maintenant un revenu décent, soit un prix minimum garanti, sur plusieurs années, d’au moins 30% supérieur aux coûts de production (qu’ils fixeront eux-mêmes), non fixés sur le cours de la Bourse, incluant le panier de biens essentiels locaux et une prime d’investissement aux projets collectifs, gérée de façon autonome par les organisations de producteur.rice.s. 2. D’être transparents sur vos marges et sur les prix que vous payez aux producteur.rice.s, et tout au long de la chaîne de transformation, pour cesser d’être une boîte noire.
Description
Lavazza : La justice sociale n’est pas une formule à la carte !
Pourquoi boycotter Lavazza ?
Confronté à une crise historique des prix, 25 millions de caféiculteur.rice.s sont en danger ! Entre août et septembre 2020, les prix ont varié de 40%. Ils ne couvrent plus les coûts de production. La majorité de ces producteur.rice.s de notre café quotidien vit en dessous du seuil de pauvreté avec moins de deux dollars par jour.
Pourtant, le café génère dans le monde un chiffre d’affaires annuel de plus de 200 milliards de dollars (Ce chiffre prend en compte l’ensemble de la valeur créée par la filière café, de la production à la vente en passant par le transport ou encore la torréfaction et la distribution. Données du rapport « Economic Research Working Paper No. 39. The powerful role of intangibles in the coffee value chain » écrit par Luis F. Samper, Daniele Giovannucci, Luciana Marques Vieira, paru en 2017).
C’est la matière première la plus échangée après le pétrole et la matière première alimentaire la plus consommée après l’eau avec deux milliards de tasses bues chaque jour. A l’autre bout de la chaine, les consommateur.rice.s paient leur café au prix fort, notamment depuis l’apparition des dosettes et capsules. Les prix affichés en magasin n’ont jamais été aussi élevés. Cette tendance n’a pas effrayé les consommateurs et consommatrices puisque les ventes de café augmentent chaque année.
Mais où se cache toute cette richesse créée par cet or noir si convoité ? C’est un secret bien gardé par les premiers concernés… La valeur créée est accaparée par les groupes industriels et les marques : en France, en 20 ans, ils ont plus que doublé leurs gains (passant de 1,2 milliards à 2,6 milliards.) pendant que les revenus des millions de caféiculteurs dans le monde et leur famille stagnent, voire régressent : certains d’entre eux gagnent moins aujourd’hui qu’il y a 20 ans ! Le gâteau grandit mais la part pour les caféiculteur.rice.s à l’origine de ce produit reste infime. Globalement, les 25 millions de caféiculteurs et les négociants ont vu leur gain diminuer d’environ 4, 3 % entre 1997 et 2017. Bien loin d’un ruissellement, nous sommes face à un barrage économique effectué par les distributeurs et torréfacteurs.
Le café est donc un marché qui explose… les inégalités ! En cause, la trop forte concentration du pouvoir dans les mains des industriels : trois groupes se partagent 80% du marché en France. Parmi lesquels le Groupe Lavazza, qui avec sa marque Carte Noire, détient 16,7% du marché. Le chiffre d’affaires de Lavazza France ne cesse d’augmenter et s’élevait à 117 millions d’euros en 2019 (une augmentation de presque 50% par rapport à 2017), pour un bénéfice de près de 3 millions d’euros. Quant au groupe Carte Noire, société par action simplifiée détenue majoritairement par Le groupe Lavazza, son chiffre d’affaires pour 2019 est de 455 millions d’euros (Annual Report 2018), et 11 millions de bénéfices sur la même année.
La communication ne suffit pas !
Cette multinationale au chiffre d’affaires qui s’emballe, aime pourtant mettre en avant son caractère familial et donner l’image d’une entreprise engagée.
Nous avons toujours prêté une attention particulière au patrimoine économique, humain, environnemental et culturel des pays dans lesquels nous travaillons
« Ce sont ces qualités qui, chaque jour, soutiennent la valeur de l’entreprise, nous permettant d’être reconnus dans le monde entier comme un excellent groupe, non seulement pour la production de café haut de gamme, mais aussi pour notre approche du travail et notre engagement social » peut-on lire sur son site Internet.
Dans ses communications, s’engager pour le développement durable de la filière café est présentée comme une priorité du Groupe :
- En 2004, l’entreprise crée sa Fondation pour mener des projets dont l’objectif principal est « d’aider les producteurs de café à améliorer le rendement et la qualité de leurs produits, grâce à la formation aux meilleures pratiques agricoles, et à encourager le développement de leurs compétences entrepreneuriales ».
- Le Groupe est entré dans le Global Compact des Nations Unies et soutient officiellement les Objectifs du Développement Durable.
- Pour répondre à la demande des consommateur.rice.s en recherche de produits plus responsables, socialement et écologiquement, et notamment les jeunes, l’entreprise développe de nouvelles gammes, comme une capsule compostable et des gammes doublement labellisées AB et UTZ (capsules Carte Noire et gamme Lavazza Tierra).
- L’entreprise a aussi créé son propre logo Voix de la terre pour justifier ses actions RSE.
Derrière de belles paroles et la mise en place de distributeurs vert, Lavazza n’a fait aucune action réelle pour améliorer son impact économique et social. Aucune publication sur le prix payé aux caféiculteur.rice.s par exemple !
Faire des producteur.rice.s des acteur.rice.s de la transition :
Alors que les producteur.rice.s n’ont pas les moyens de vivre dignement de leur métier, ils.elles subissent aujourd’hui de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique et ne sont pas en mesure d’investir dans des modes de production résilients, nécessaires face à l’urgence !
Pendant ce temps, Lavazza multiplie les déclarations de bonnes intentions.
Le Groupe dans son rapport de durabilité ("A goal in every cup", Sustainability Report, 2018) :
L'instabilité climatique actuelle menace l'approvisionnement en café de qualité. Si nous ne prenons pas de mesures pour endiguer ce phénomène, des millions d'hectares risquent de disparaître en quelques décennies et des millions de caféiculteurs risquent de perdre leurs moyens de subsistance et donc d'être contraints de migrer. Ce n'est pas seulement la Terre qui nous fournit du café, mais aussi environ 25 millions d'agriculteurs dans plus de 30 pays. Lavazza veut être à leurs côtés pour lutter contre les effets du changement climatique, promouvoir les bonnes pratiques agricoles et soutenir un développement social durable
Ce n’est pas faux ! Si nous continuons dans l’inaction, 50% des surfaces d’arabica auront disparu d’ici 2050 du fait du changement climatique. Dans ce même rapport RSE, la marque italienne se targue de s’engager sur les défis environnementaux de la caféiculture, causés par les crises climatiques, en investissant notamment dans la recherche de solutions génétiques pour maintenir la production et s’adapter au déréglément climatique (Avec l’ONG « World Coffee Research » qui travaille dans des laboratoires à améliorer les plants de caféier, via notamment l’hybridation). Pourtant, de nombreuses solutions de terrains existent comme l’agroforesterie. Des solutions qui ne sont réalisables qu’en investissant dans l’humain, dans la formation et l’autonomie des producteur.rice.s pour qu’ils et elles puissent s’adapter sur le terrain aux problématiques rencontrées. Nous devons permettre aux caféiculteur.rice.s d’être acteur.rice.s de la transition.
Sans action pour + de justice économique et sociale, des millions de familles sont maintenues dans la pauvreté !
Tant que Lavazza ne s’attaquera pas à la répartition juste et équitable des richesses dans la filière café, en commençant par le prix payé au producteur, les caféiculteur.rice.s ne seront pas soutenus et il n’y aura pas de « développement social ».
Alors que la firme annonce viser les 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 2021, aucune déclaration n’est encore faite sur la rémunération des caféiculteur.rice.s. La rémunération des agriculteur.rice.s est aujourd’hui totalement absente des programmes de durabilité du Groupe Lavazza. Aucune référence à des prix rémunérateurs, qui rétribueraient les caféiculteur.rice.s suffisamment pour couvrir : leurs coûts de production ; les ressources essentielles pour sortir de la pauvreté ; s’adapter au changement climatique.
Derrière les caféiculteur.rice.s c’est tout un pays qui se retrouve en souffrance. Sortir les agriculteur.rice.s de la pauvreté, c’est développer les communautés locales, les infrastructures, l’Etat. C’est permettre à une nation d’avoir la force et la résilience d’affronter différentes crises comme la crise sanitaire que nous avons vécu.
La rémunération des producteurs et productrices serait-elle un détail ? Finalement, seuls ses propres bénéfices l’intéresserait-elle ?
L’engagement avec le label UTZ n’est pas suffisant. Lavazza fait fausse route. Ce label repose principalement sur une logique productiviste, accompagne les programmes RSE des multinationales, n’a pas d’outils économiques dans ses garanties. Il ne se reconnaît pas comme équitable, mais comme « durable ». Comment viser la durabilité sans garantir autonomie et dignité aux humains qui produisent notre café ?
Nous, consommateur.rice.s, refusons de payer pour une telle injustice sociale. Solidaires des caféiculteur.rice.s, nous voulons que Lavazza rémunère les producteur.rice.s au moins 30% au-dessus des coûts de production (qu’ils fixeront eux-mêmes). Nous ne voulons plus que les prix soient fixés par le cours de la Bourse. Nous refusons de cautionner un business qui maintient les travailleur.euse.s dans la pauvreté.
Nos revendications :
Stop aux belles déclarations sous couvert d’actions pour le climat ! Lavazza, nous vous demandons d’arrêter les paroles en l’air et répondre dans les faits aux attentes des consommateur.rice.s en commençant rémunérer dignement les producteur.rice.s à l’origine de votre café :
1. Poser les bases d’une transformation de votre relation avec vos producteur.rice.s de café, en leur versant dès maintenant un revenu décent, soit un prix minimum garanti, sur plusieurs années, d’au moins 30% supérieur aux coûts de production (qu’ils fixeront eux-mêmes), non fixés sur le cours de la Bourse, incluant le panier de biens essentiels locaux et une prime d’investissement aux projets collectifs, gérée de façon autonome par les organisations de producteur.rice.s.
C’EST POSSIBLE !
A ce jour, les coûts de production sont estimés entre 1,20 USD par Quintal et 1,3 USD par quintal. Cela sans tenir compte des disparités géographiques, qui fait varier les coûts.
A titre d’exemple, un revenu décent au Brésil rural est estimé à 424 USD/mois, pour une famille de 4 personnes dont 1,71 travailleurs (estimation 2019). Un revenu décent au Guatemala à 387 USD/mois pour une famille de 5 personnes, dont 1,53 travailleur.se.s.
Dans certains pays, le prix d’achat peut être supérieur de 40 à 50 % aux coûts de production, sans compter des primes supplémentaires pour la qualité bio et de production.
Evidemment, cette augmentation du prix d’achat ne devra pas être répercuté aux consommateurs : elle devra être pris en charge par l’entreprise elle-même.
2. D’être transparents sur vos marges et sur les prix que vous payez aux producteur.rice.s, et tout au long de la chaîne de transformation, pour cesser d’être une boîte noire.
Merci
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